Tentatives de piratage, surveillance et intimidations… Le pouvoir rwandais serre de près ses opposants et certains journalistes installés en Belgique, rapportent vendredi Le Soir et De Morgen.
La Sûreté de l’Etat “confirme l’activité des services de renseignement rwandais en Belgique pour tenter d’affaiblir ce qui est perçu comme une menace politique de l’opposition” au régime de Paul Kagame, a révélé officiellement le mois dernier le ministre de la Justice.
Peter Verlinden, un ancien journaliste de la VRT, et son épouse d’origine rwandaise Marie Bamutese en sont un exemple. Ils dénoncent les menaces à leur encontre depuis 2015, après avoir publié un livre sur les violences dans l’est du Congo. L’été dernier, M. Verlinden a écrit à pas moins de quatre ministres fédéraux. De “sources sûres”, M. Verlinden rapporte qu’un nouveau diplomate de l’ambassade rwandaise en Belgique aurait reçu “une mission et un budget” dans une optique bien précise: enquêter sur lui et son épouse. Une enquête a été ouverte par le parquet fédéral.
Le parquet fédéral enquête sur un autre dossier possiblement lié au Rwanda. Il porte sur la mort suspecte à l’été 2018 de deux Brugeois en Afrique du Sud. Thomas Ngeze (27 ans), fils d’un journaliste condamné par le Tribunal pénal international d’Arusha, a été retrouvé pendu dans sa chambre d’hôtel de Johannesburg, ville où il venait de rencontrer la diplomatie rwandaise. Enquêtant sur ce décès, un ami de Thomas Ngeze, Pieter-Jan Staelens (35 ans), a lui aussi trouvé la mort en Afrique du Sud. La collaboration entre les justices belge et sud-africaine ne serait pas au beau fixe, écrit Le Soir.
Après avoir accumulé les indices sur les pratiques douteuses de Kigali, le député Ecolo-Groen Samuel Cogolati compte interpeller prochainement le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders (MR) sur la question.