Une opposante rwandaise a été arrêtée, interrogée puis relâchée, a annoncé la police, sa famille et son parti dénonçant eux une “mise en scène” visant à camoufler une “détention illégale” ayant duré une semaine.
Diane Rwigara avait tenté en vain de se présenter à la présidentielle du 4 août remportée avec près de 99% des voix par le sortant Paul Kagame.
Devant les caméras de plusieurs journalistes, Mme Rwigara, sa soeur Anne et leur mère Adeline ont été interpellées lundi à leur domicile de Kigali, qui a fait l’objet d’une perquisition.
Après interrogatoire dans un poste de police, elles ont été “escortées jusqu’à leur domicile”, a déclaré à l’AFP Theos Badege, porte-parole de la police rwandaise.
Ces arrestations ont été menées car elles avaient ignoré trois convocations, a-t-il affirmé, précisant que leur famille est visée par une enquête pour évasion fiscale et doit 5,9 millions de dollars (5 MEUR) à l’État, alors que Diane est accusée de contrefaçon de documents dans le cadre de sa tentative de candidature à la présidentielle.
Aristide Rwigara, frère de Diane vivant aux États-Unis, avait dit jeudi être sans nouvelle de Diane depuis son arrestation deux jours plus tôt avec quatre membres de sa famille, la police assurant de son côté s’être alors limitée à une fouille du domicile.
Mais pour le camp Rwigara, les interpellations menées lundi ont été mises en scène. Selon un communiqué signé par Aristide Rwigara et Raymond Kayitare, porte-parole du parti PSM-Itabaza, Diane et quatre membres de sa famille étaient maintenus en “détention illégale” à leur domicile depuis le 29 août.
Ils ont été emmenés au moins deux fois dans des lieux inconnus pour des interrogatoires, et leurs téléphones, ordinateurs et argent ont été confisqués, disent-ils.
Le rejet de la candidature de Mme Rwigara par la Commission électorale, pour une question de procédure, avait été critiquée par des gouvernements occidentaux et des groupes de défense des droits de l’Homme.
M. Kagame, crédité de l’important développement d’un pays exsangue au sortir du génocide, est aussi accusé de bafouer la liberté d’expression et de réprimer toute opposition.
Diane Rwigara est la fille d’Assinapol Rwigara, un important entrepreneur rwandais qui avait fait fortune dans l’industrie et l’immobilier.
Dans les années 1990, il avait largement financé le Front patriotique rwandais (FPR) de M. Kagame avant que celui-ci ne renverse le pouvoir extrémiste hutu en juillet 1994, mettant fin au génocide.
Diane Rwigara avait pris ses distances avec le FPR après le décès de son père en février 2015, dans un accident de la route selon la police. Elle avait contesté cette version et dénoncé un “assassinat”. Selon Aristide Rwigara, le gouvernement tente en s’en prenant à sa famille de mettre la main sur la fortune de son père.